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      Je parle sans le moindre espoir - de me faire     entendre notamment. Je sais que je le fais - à y ajouter ce que cela     comporte d'inconscient. Cest là mon avantage sur l'homme qui pense et ne     s'aperçoit pas que d'abord il parle. Avantage que je ne dois qu'à mon     expérience. Car dans l'intervalle de la parole qu'il méconnait à ce qu'il     croit faire pensée, l'homme s'embrouille, ce qui ne l'encourage pas. De     sorte que l'homme pense débile, d'autant plus débile qu'il enrage...     justement de s'embrouiller. Il y a un problème de l'école. Ce n'est pas une     énigme. Aussi, je m'y oriente, point trop tôt. Ce problème se démontre tel,     d'avoir une solution : c'est la dis - la dissolution.  
        A entendre comme de l'Association qui, à cette     école, donne statut juridique. Qu'il suffise d'un qui s'en aille pour que     tous soient libres, c'est, dans mon noeud borroméen, vrai de chacun, il faut     que ce soit moi dans mon Ecole.  
        Je m'y résous pour     ce qu'elle fonctionnerait. Si je ne me mettais en travers, à rebours de ce     pour quoi je l'ai fondée. Soit pour un travail, je l'ai dit - qui, dans le     champ que Freud a ouvert, restaure le soc tranchant de sa vérité - qui     ramène la praxis originale qu'il a intitulée sous le nom de psychanalyse     dans le devoir qui lui revient en notre monde - qui, par une critique     assidue, y dénonce les déviations et les compromissions qui amortissent son     progrès en dégradant son emploi. Objectif que je maintiens. C'est pourquoi     je dissous. Et ne me plains pas desdits "membres de l'Ecole freudienne" -      plutôt les remercié-je, pour avoir été par eux enseigné, d'où moi, j'ai     échoué - c'est-à-dire me suis embrouillé. Cet enseignement m'est précieux.     Je le mets à profit.
        
         Autrement dit, je persévère.  
         Et appelle à s'associer derechef ceux qui, ce janvier     1980, veulent poursuivre avec Lacan.  
          Que     l'écrit d'une candidature les fasse aussitôt connaître de moi. Dans les 10     jours, pour couper court à la débilité ambiante, je publierai les adhésions     premières que j'aurai agréées, comme engagement de critique assidue de ce     qu'en matière de "déviations et compromissions" I'EFP a nourri.  
          Démontrant en acte que ce n'est pas de leur fait que     mon Ecole serait Institution, effet de groupe consolidé, aux dépens de     l'effet de discours attendu de l'expérience, quand elle est freudienne. On     sait ce qu'il en a coûté, que Freud ait permis que le groupe psychanalytique     l'emporte sur le discours, devienne Eglise.  
          L'internationale, puisque c'est son nom, se réduit au symptôme     qu'elle est de ce que Freud en attendait. Mais ce n'est pas elle qui fait     poids. C'est I'Eglise, la vraie, qui soutient le marxisme de ce qu'il lui     redonne sang nouveau... d'un sens renouvelé. Pourquoi pas la psychanalyse,     quand elle vire au sens ? Je ne dis pas ça pour un vain persiflage. La     stabilité de la religion vient de ce que le sens est  toujours     religieux. D'où mon obstination dans ma voie de mathèmes - qui n'empêche     rien, mais témoigne de ce qu'il faudrait pour, l'analyste, le mettre au pas     de sa fonction.  
          Si je père-sévère, c'est que     l'expérience faite appelle contre-expérience qui compense.  
          Je n'ai pas besoin de beaucoup de monde. Et il y a du monde dont je     n'ai pas besoin.  
          Je les laisse en plan afin qu'ils     me montrent ce qu'ils savent faire, hormis m'encombrer, et tourner en eau un     enseignement où tout est pesé. Ceux que j'admettrai avec moi feront-ils     mieux ? Au moins pourront-ils se prévaloir de ce que je leur en laisse la     chance.  
          Le Directoire de l'EFP, tel que je     l'ai composé, expédiera ce qui se trame d'affaires dites courantes, jusqu'à     ce qu'une Assemblée extraordinaire, d'être la dernière, convoquée en temps     voulu conformément à la loi, procède à la dévolution de ses biens, qu'auront     estimés les trésoriers, René BaiIly et Solange   Faladé. 
       
     
      
        
        
    Guitrancourt, ce 5 janvier     1980   | 
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